Bloomberggpt : l'IA au service de la finance
Alors que l’intelligence artificielle générative défraie la chronique, Bloomberg a annoncé en début de mois la sortie de son propre modèle de langage, dédié à l’analyse financière. Un pas supplémentaire dans l’adoption de l’IA comme outil financier.
Depuis la sortie de ChatGPT en novembre dernier, les trois dernières lettres du célèbre chatbot sont partout. De CryptoGPT, la blockchain destinée à sécuriser les données privées, jusqu’à ChaosGPT, l’IA dont l’unique but serait de « détruire l’humanité ». Au milieu de cette agitation, un nouveau venu a fait son apparition au début du mois d’avril dans le monde de la finance : BloombergGPT. Créé par Bloomberg, il s’agit d’un modèle de langage, c’est-à-dire un modèle statistique qui, grâce au traitement d’un grand nombre de données textuelles, est capable de générer de nouveaux textes par lui-même. S’il a repris le désormais célèbre acronyme (GPT signifie Generative Pre-Trained
Transformer, ou Transformateur génératif pré-entraîné), Bloomberg ne s’appuie pas sur GPT-4, le modèle créé par Open-AI, mais sur Bloom, un modèle développé par la start-up Hugging Face mais aussi le CNRS.
Qu’apporte alors BloombergGPT par rapport aux mastodontes déjà existant que sont GPT-4 ou Bard (le modèle de Google) ? En apparence, il est en effet nettement moins puissant, ayant été entraîné que sur 50 milliards de paramètres, alors que la puissance de GPT-4 est elle estimée à près de 1000 milliards de paramètres (sans confirmation d’OpenAI). La raison de cet écart est en fait simple : là où les modèles de langage classiques traitent un éventail de sujets extrêmement large (il suffit par exemple d’observer tout ce que ChatGPT est capable de faire), BloombergGPT se concentre lui sur l’analyse financière, et a donc besoin de nettement moins de paramètres pour être performant. Selon Bloomberg, ce modèle sera en effet capable d’effectuer des analyses financières en temps réel, d’analyser les fluctuations boursières, de générer des titres de presse à partir d’informations, etc…
Pour cela, l’entreprise s’est appuyée sur l’importante quantité de données qu’elle a amassée au cours des années. Ainsi, plus de la moitié des données ayant servi au développement de BloombergGPT proviennent de l’entreprise elle-même, permettant la création de ce que Bloomberg présente comme « peut-être le plus grand jeu de données spécifique à un domaine ». Pour l’analyste financier, l’objectif du lancement de ce modèle est double, puisqu’il est destiné à la fois aux clients de Bloomberg et à ses employés. Parmi les capacités affichées de BloombergGPT, on pourra ainsi citer « l’analyse de sentiment », qui consiste à analyser un article ou un texte et déterminer si celui-ci est positif ou négatif, par exemple envers une entreprise. Autre fonction destinée à faire gagner du temps aux journalistes de Bloomberg, la rédaction automatique de titre, après analyse d’un texte.
Alors que, du fait de leur volonté de couvrir tous les sujets, les modèles existants font aujourd’hui état de nombreuses approximations, l’ambition de BloombergGPT est d’offrir le modèle le plus fiable possible sur le thème précis qu’est la finance. Bloomberg ne va cependant pas jusqu’à affirmer que son modèle ne fait aucune erreur. Comme n’importe quel modèle de langage, BloombergGPT exprime des « vérités de statistique », c’est-à-dire la vérité qu’il a déduit grâce aux données auxquelles il a accès. Un procédé qui peut, dans certain cas, pousser un modèle à affirmer des contre-vérités qu’il considère lui-même comme avérées. On parle alors d’ « hallucinations ».
A l’heure actuelle, BloombergGPT n’est pas encore accessible au public, et ses créateurs n’ont pas encore donné d’information sur une sortie publique de leur modèle, ni sur le prix auquel ce dernier pourra être proposé aux utilisateurs. Néanmoins, l’annonce par Bloomberg de ce lancement augure des changements majeurs dans l’analyse financière. D’autant plus quand on sait que l’entreprise utilise l’intelligence artificielle depuis déjà plusieurs années. En 2019, le nombre d’articles de Bloomberg rédigé grâce à l’IA était estimé à un tiers de leur corpus global.