Monnaies numériques : quel impact sur les opérations monétaires ?

Publié le 18 novembre 2024

Un rapport du FMI explore comment les monnaies digitales de banque centrale (CBDC) pourraient transformer les mécanismes de politique monétaire et la stabilité financière.


Dans son rapport, le Fonds Monétaire International identifie trois scénarios principaux pour l’introduction des monnaies numériques, chacun ayant des implications distinctes sur les opérations monétaires. Le premier scénario envisage la CBDC comme un substitut de l’argent liquide. Ici, la monnaie digitale remplacerait en partie les espèces pour les transactions quotidiennes, affectant principalement la gestion des liquidités sans bouleverser directement les taux d'intérêt.

Le deuxième scénario se concentre sur la substitution de la CBDC aux dépôts bancaires, ce qui aurait des effets plus importants sur les réserves des banques commerciales. Enfin, le troisième scénario propose que les banques utilisent la CBDC pour les règlements interbancaires à la place des réserves traditionnelles, un concept qui prend tout son sens avec la montée des paiements tokenisés et des systèmes de règlement en temps réel.

Effets potentiels sur les taux d'intérêt à court terme

Les effets des CBDC sur les taux d'intérêt sont au cœur des préoccupations du FMI. Dans le scénario où la CBDC se substitue à l'argent liquide, l'impact direct sur les taux est limité, mais la gestion de la demande de liquidité pourrait devenir plus complexe, car les utilisateurs pourraient rapidement adapter leurs comportements de détention.

Dans le scénario de substitution aux dépôts bancaires, les réserves bancaires diminueraient, entraînant potentiellement une hausse des taux d'intérêt si les banques centrales ne compensent pas cette perte par des injections de liquidité. Une adoption substantielle de la CBDC pourrait donc nécessiter une adaptation des outils monétaires, selon le FMI.

Le système bakong : l'exemple du Cambodge

L’étude du FMI met en avant le système Bakong au Cambodge, qui, bien que n'étant pas une véritable CBDC, donne un aperçu des effets potentiels de ces monnaies digitales sur la gestion des réserves. Le FMI observe que les banques cambodgiennes ont dû ajuster leurs prévisions de liquidité pour gérer les comptes de règlement Bakong, ce qui a entraîné une volatilité supérieure à celle observée avec l'argent liquide traditionnel.

Ce cas d’étude souligne l'importance pour les banques centrales d'améliorer leurs capacités de prévision de liquidité en vue de l'adoption potentielle des CBDC, dont la demande pourrait être beaucoup plus volatile.

Adaptations requises des opérations et de la conception des CBDC

Selon le rapport du FMI, l’introduction d'une CBDC pourrait nécessiter une adaptation des outils de politique monétaire. Dans les scénarios de substitution, le FMI recommande que les banques centrales soient prêtes à intervenir pour stabiliser les taux d’intérêt. En outre, certaines banques centrales, comme celles des Bahamas et du Nigéria, ont déjà imposé des limites de détention pour limiter la volatilité induite par les CBDC.

Le rapport suggère également que les CBDC pourraient être rémunérées afin de réguler leur attractivité vis-à-vis des dépôts bancaires, créant ainsi un outil de transmission monétaire supplémentaire pour les banques centrales. Cependant, cette rémunération pourrait diminuer les revenus de seigneuriage des banques centrales, ce qui aurait des implications pour la stabilité de leurs bilans.

Impact des CBDC sur les régimes de taux de change et de masse monétaire

Pour les pays avec des régimes de ciblage du taux de change ou de la masse monétaire, le FMI anticipe également des effets. La disponibilité de la CBDC pour les non-résidents pourrait rendre la monnaie nationale plus attractive, renforçant ainsi sa valeur et augmentant la volatilité du taux de change. Le FMI prévoit que cette situation pourrait nécessiter des interventions fréquentes de la banque centrale sur le marché des changes.

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