Bitcoin : une menace pour la cohésion sociale selon la BCE

Publié le 24 octobre 2024

Une étude de la Banque centrale européenne estime que l'appréciation de Bitcoin pourrait accentuer les inégalités et déstabiliser l'économie.


Dans une récente étude, la Banque centrale européenne (BCE) met en garde contre les conséquences sociales et économiques de l'appréciation continue de Bitcoin. Selon ce rapport , la montée en flèche du prix du Bitcoin, passé de zéro à plus de 65 000 dollars en seulement quinze ans, est susceptible de creuser davantage les inégalités. Les premiers détenteurs de la cryptomonnaie auraient considérablement accru leur fortune, au détriment des nouveaux arrivants et des non-détenteurs, qui seraient laissés pour compte. La BCE estime que ce phénomène pourrait alimenter une fragmentation sociale et appelle à des mesures pour encadrer, voire limiter, l'ascension de Bitcoin.

L'étude s'interroge sur les répercussions à long terme d'un scénario où le prix de Bitcoin continuerait d'augmenter. Selon les auteurs, un tel scénario risquerait d'appauvrir ceux qui n'ont pas investi dans la cryptomonnaie et pourrait même affaiblir la stabilité économique et la cohésion sociale. En effet, ils affirment que Bitcoin, conçu à l'origine comme un système de paiement global, a largement dévié de son objectif initial pour devenir un actif spéculatif, profitant principalement aux investisseurs précoces. Les effets de cette redistribution de la richesse sont perçus comme une menace directe pour la justice sociale.

Bitcoin et les risques économiques sous-estimés

La BCE avertit que l'envolée du prix de Bitcoin ne doit pas être vue comme une simple bulle spéculative, mais comme un mécanisme qui renforce les inégalités économiques. L'étude suggère que les individus qui ne détiennent pas de Bitcoin ou qui y investissent tardivement pourraient se retrouver dans une situation de désavantage économique permanent. Cette dynamique pourrait créer une élite économique autour des détenteurs précoces de Bitcoin, menaçant ainsi la démocratie et la stabilité sociale. Face à ces risques, les auteurs incitent les décideurs politiques à envisager des régulations plus strictes, voire une interdiction de la cryptomonnaie, pour limiter son impact négatif.

L'un des points controversés du rapport est l'appel à une prise de conscience des non-détenteurs de Bitcoin. Ces derniers devraient, selon les auteurs, militer activement pour une régulation visant à freiner l'appréciation de la cryptomonnaie, ou même à envisager sa disparition complète. Cette proposition suscite des débats, notamment en raison des implications qu'elle pourrait avoir sur les marchés libres et sur la perception de Bitcoin comme un investissement légitime.

Bitcoin, entre promesse non tenue et outil de spéculation

Bitcoin avait été initialement conçu comme un réseau de paiement global et décentralisé, permettant des échanges sans intermédiaires. Toutefois, la réalité est bien différente aujourd'hui. Alors que des technologies comme le Lightning Network continuent de soutenir son utilisation pour les paiements, la plupart des investisseurs considèrent désormais Bitcoin comme un actif de réserve, comparable à l'or. De grands acteurs économiques, comme MicroStrategy et BlackRock, ont amplifié cette transformation en utilisant Bitcoin principalement comme un véhicule d'investissement.

L'étude de la BCE critique cette évolution, soulignant que les gains financiers des premiers investisseurs n'apportent aucune réelle valeur productive à l'économie. En d'autres termes, l'appréciation de Bitcoin ne contribue ni à la croissance ni à la création de richesse partagée. Selon les auteurs, cet enrichissement repose sur la diminution de la consommation et de la richesse des personnes qui n'ont pas investi dans la cryptomonnaie. Ils comparent ce phénomène à un jeu à somme nulle, où l'enrichissement des uns se fait au détriment des autres, accentuant ainsi les inégalités sociales.

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