Élections américaines : Microsoft alerte sur les ingérences étrangères

Publié le 4 novembre 2024

À l’approche du scrutin présidentiel, un rapport de Microsoft met en lumière des tentatives de manipulation de la part de la Russie, de la Chine et de l’Iran.

À moins de deux semaines de l’élection présidentielle américaine, un rapport de Microsoft met en garde contre les tentatives de la Russie, de la Chine et de l’Iran pour influencer le vote. La société révèle des efforts intensifiés de ces pays pour semer la désinformation et influencer l’opinion publique, notamment par le biais de campagnes de diffamation et de manipulations sur les réseaux sociaux. Ce rapport est publié alors que les préoccupations montent quant à l’impact potentiel de ces ingérences sur un scrutin extrêmement serré.

Russie : ciblage intensif de la campagne de Kamala Harris

Selon Microsoft, des opérateurs russes multiplient les attaques contre Kamala Harris, la candidate démocrate, utilisant notamment des contenus générés par IA et des vidéos truquées. Ces vidéos cherchent à discréditer la vice-présidente en diffusant de fausses informations, y compris des accusations sans fondement impliquant son colistier Tim Walz. La campagne de Harris a dénoncé ces manœuvres de désinformation, soulignant l’objectif de la Russie de soutenir la réélection de Donald Trump.

Les efforts russes ne se limitent pas aux vidéos de diffamation. Microsoft rapporte également des tentatives de créer des fausses actualités et d’attaquer les institutions américaines, avec des contenus imitant des organes de presse comme Fox News ou Wired. Cette stratégie rappelle les tactiques employées par la Russie lors des élections de 2016 et de 2020, qui visaient à influencer l’électorat en attisant les divisions internes.

Chine : attaques contre les candidats critiques de Pékin

La Chine, pour sa part, cible principalement des candidats républicains ayant publiquement critiqué le gouvernement chinois. Les analystes de Microsoft rapportent que le groupe Spamouflage, lié à Pékin, utilise de faux comptes sur les réseaux sociaux pour attaquer des figures comme le sénateur de Floride Marco Rubio ou la sénatrice du Tennessee Marsha Blackburn. Ces campagnes cherchent à éroder le soutien pour ces candidats aux postes subalternes, tout en semant le doute sur la solidité de la démocratie américaine.

Dans sa réponse, l’ambassade chinoise aux États-Unis a fermement nié toute ingérence, affirmant que les accusations relèvent de la « spéculation malveillante » et qu’elles visent à nuire à l’image de la Chine. Pékin insiste sur son absence d’intérêt dans les élections américaines, arguant qu’elles relèvent des affaires intérieures des États-Unis.

Iran : instrumentalisation des tensions au Moyen-Orient

L’Iran, quant à lui, semble avoir orienté sa stratégie d’influence vers l’exploitation des divisions suscitées par la guerre Israël-Hamas. Les analystes de Microsoft ont observé des groupes iraniens utilisant des plateformes comme Telegram pour inciter les électeurs américains à se désengager du processus électoral, invoquant le soutien américain à Israël comme raison de s’abstenir de voter.

L’Iran, qui s’était déjà illustré en 2020 par des tentatives d’intimidation d’électeurs en se faisant passer pour des membres de groupes d’extrême droite américains, intensifie ses efforts en 2024, surveillant de près les sites liés aux élections et les grands médias pour identifier d’éventuelles cibles.

Dans une déclaration, la mission iranienne aux Nations Unies a catégoriquement rejeté les accusations, les qualifiant d’« infondées » et d’« inadmissibles ». L’Iran dément tout intérêt ou volonté d’interférer dans les affaires électorales des États-Unis.

Une montée des tensions à l’approche du jour de l’élection

Microsoft souligne dans son rapport que, bien que certaines de ces campagnes de désinformation n’aient pas eu une grande résonance auprès des Américains, d’autres ont été relayées par des citoyens inconscients de leur origine, touchant des milliers de personnes. Cette amplification involontaire expose un large public à une propagande étrangère, créant des failles exploitables par ces pays.

La menace principale pourrait se concentrer autour de la période critique entourant le jour de l’élection. Selon Clint Watts, directeur du Microsoft Threat Analysis Center, les 48 heures avant et après le scrutin sont particulièrement propices aux activités trompeuses en ligne. Watts rappelle que les acteurs étrangers peuvent facilement diffuser du contenu manipulateur, ayant potentiellement un impact durable sur la perception publique et les résultats électoraux.

La réponse des États-Unis et les perspectives post-électorales

Les autorités américaines affirment que l’infrastructure électorale est suffisamment sécurisée pour résister à d’éventuelles cyberattaques visant à perturber le processus. Cependant, elles mettent en garde contre d’éventuelles tentatives d’incitation à la violence post-électorale par la Russie et l’Iran, cherchant à attiser des troubles civils. Ces tensions post-électorales pourraient constituer une menace importante si des groupes sont encouragés à remettre en cause les résultats du vote.

Dans un contexte où la politique mondiale devient de plus en plus interconnectée, les États-Unis se préparent à faire face à des stratégies d’ingérence sophistiquées, employées par des puissances étrangères pour influencer le débat national. Alors que le pays s’approche du jour de l’élection, la vigilance reste de mise face à des acteurs déterminés à exploiter chaque faille pour influencer le cours de la démocratie américaine.

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