Manus, l’agent IA chinois qui intrigue

Publié le 17 mars 2025

Un nouvel agent d’intelligence artificielle, Manus, suscite l’intérêt et le débat. Promettant une autonomie avancée dans l’exécution de tâches complexes, il ravive les comparaisons avec DeepSeek et relance les discussions sur la course à l’IA entre la Chine et les États-Unis.

Développé par la startup chinoise Butterfly Effect, Manus se présente comme un agent d’IA capable de traiter diverses tâches sans intervention humaine directe. Contrairement aux modèles classiques qui assistent l’utilisateur par des réponses textuelles, Manus exécute des actions spécifiques, comme le tri de CV, l’analyse d’opportunités financières ou la gestion d’informations immobilières.

Manus ne se positionne pas comme un simple chatbot ou un assistant conversationnel classique. Selon ses concepteurs, il s’agit d’un agent d’IA véritablement autonome, capable de gérer des tâches complexes sans nécessiter d’intervention humaine continue. Il peut, par exemple rechercher des biens immobiliers en tenant compte des critères financiers et des infrastructures environnantes, ou encore identifier des tendances sur les marchés financiers.

Contrairement aux modèles d’IA classiques qui fournissent des réponses textuelles en temps réel, Manus fonctionne en arrière-plan sur des serveurs distants, permettant aux utilisateurs de fermer leur ordinateur pendant l’exécution des tâches. Ce mode de fonctionnement soulève néanmoins des préoccupations en matière de sécurité des données et de confidentialité, d’autant plus que la localisation des serveurs et la gestion des flux d’informations restent floues.

Des performances saluées mais encore imparfaites

L’annonce de Manus a généré une forte curiosité dans le secteur de l’IA, rappelant l’impact de DeepSeek lors de son lancement en janvier. Certains observateurs y voient une avancée significative pour les entreprises chinoises dans leur quête d’indépendance technologique vis-à-vis des géants américains.

Les premiers retours des testeurs révèlent toutefois une réalité plus nuancée. Certains soulignent la capacité de l’agent à produire des résultats de qualité, notamment pour l’analyse de données complexes. D’autres pointent des ralentissements, des interruptions de service et des erreurs dans l’exécution des tâches. La puissance de calcul disponible semble encore limitée, et les ressources allouées ne suffisent pas à assurer une expérience fluide pour tous les utilisateurs.

Un modèle basé sur des technologies existantes

Contrairement à DeepSeek, qui a conçu son propre modèle d’IA, Manus repose sur une combinaison de modèles déjà développés. Son architecture intègre notamment les modèles Claude d’Anthropic et des versions adaptées des modèles Qwen d’Alibaba. Ce choix permet de limiter les coûts de développement tout en s’appuyant sur des technologies reconnues pour leur efficacité.

Manus adopte ainsi un fonctionnement multi-agent, chaque tâche étant répartie entre différents modèles spécialisés selon leur domaine de compétence. Cette approche vise à optimiser la rapidité et la précision des réponses, bien que son efficacité réelle dépende de la capacité des modèles à interagir de manière fluide.

Un accès limité et des préoccupations sur la confidentialité

Pour l’instant, Manus est accessible uniquement via un système d’invitations, ce qui a contribué à alimenter l’engouement autour de son lancement. Cependant, cette exclusivité complique l’évaluation de Manus à grande échelle et limite la capacité des chercheurs et des entreprises à analyser son fonctionnement en détail. Par ailleurs, l’absence de transparence sur la gestion des données personnelles inquiète certains spécialistes de la cybersécurité. La question de la localisation des serveurs et des éventuelles transmissions de données vers la Chine reste en suspens, notamment dans un contexte où les réglementations sur la protection des données sont de plus en plus strictes.

L’arrivée de Manus s’inscrit dans une tendance plus large où les agents autonomes gagnent en importance. Des entreprises comme OpenAI, Google et Anthropic travaillent déjà sur des outils similaires, intégrant des fonctions capables de réaliser des actions de manière indépendante. Cette évolution marque un tournant dans le domaine de l’IA, où l’objectif n’est plus seulement d’assister les utilisateurs, mais de déléguer des tâches entières à des systèmes intelligents.

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