Financement des entreprises par le marché : 2023, l’année du rebond ?
« Malgré un contexte économique et financier qui a évolué significativement, le bilan et les
perspectives de financement des entreprises apparaissent favorables, c’est notre diagnostique. » Ces
mots, prononcés par le premier sous-gouverneur de la Banque de France Denis Beau, résument
parfaitement l’état d’esprit qui a animé la conférence annuelle de l’Observatoire du financement des
entreprises par le marché (OFEM) ce mardi 25 avril. Au moment de faire un bilan de l’année écoulée,
la tendance semble en effet être à une baisse de financements de marchés, tant au niveau mondial,
européen que français.. Cette baisse a surtout concerné les marchés actions et, dans une moindre
mesure, les marchés de taux, résultante des déséquilibres macroéconomiques, du resserrement de la
politique monétaire et de la pression exercée sur les valorisations des entreprises.
Denis Beau, sous gouverneur de la Banque de France indiquait en ouverture de la conférence :
« L’impact économique et financier de la guerre en Ukraine a profondément modifié les perspectives
de sortie de la crise Covid telles qu’on pouvait les appréhender, et soumis notre système à de
nouveaux chocs d’offre et de demande ». De quoi faire craindre alors un phénomène de stagflation,
c’est-à-dire un ralentissement de la croissance cumulé à une hausse de l’inflation. Un risque auquel
l’économie européenne n’a finalement pas été exposée selon le sous-gouverneur : « Cette menace
ne s’est pas concrétisée. Sur le front de la croissance, les enquêtes montrent un ralentissement
significatif de la croissance économique dans la zone Euro, suivi d’une reprise en 2023. »
En effet, les banques européennes et en particulier françaises ont pu tenir le choc grâce à une forte
solvabilité et à leur soumission aux exigences de Bâle 3. « Les deux crises récentes qui ont frappé SVB
et Crédit Suisse ont ébranlé la confiance de certains investisseurs, et suscité une volatilité accrue sur
les marchés. Mais notre système financier a bien absorbé cette phase venue de l'extérieur de la zone
euro. Nous sommes confiants dans la résilience du système bancaire européen et en particulier des
banques françaises », affirme Denis Beau.
Cependant, cette tendance est à relativiser, certains secteurs du financement, ont tout de même tiré
leur épingle du jeu. C’est le cas notamment du « private-equity » , dont le bilan reste positif, comme
souligné par Bruno Bézard, managing partner chez Cathay Capital, qui a interrogé l’existence d’une
contraction en ce qui concerne le private equity : « Il y a certes eu moins d’investissements en 2022
qu’en 2021, mais 2021 avait été une année exceptionnelle, avec 70% d’augmentation par rapport aux
cinq dernières années. Sur moyenne période, je constate un niveau d’investissement qui reste très
élevé en 2022. »
Les financements ESG, qu’ils soient de taus taux et/ou les valeurs en lien avec les transformations
écologiques et durables de nos sociétés ont continué a à bénéficié bénéficier de conditions favorables
de financements. En effet, les émissions d’obligations vertes et durables ont enregistré une croissance
de leurs encours. Interrogé sur l’importance croissante des critères ESG (environnementaux, sociaux
et de gouvernance), Bruno Bézard a confirmé le caractère crucial de ces derniers dans
l’investissement : « Dans le monde du capital investissement, l’ESG est vite passé d’un « Nice to
Have » à un « Must have ». On ne lèvera pas de fonds auprès d’investisseurs si la plateforme de
gestion n’a pas une attitude réelle en matière d’ESG, et pas seulement marketing ».
Au total, alors que les trésoreries des entreprises se tendent, que les conditions de crédit se
durcissent et que les entreprises font face à des impératifs de transformation nécessitant
d’importants investissements, elles vont plus que jamais devoir, quelle que soit leur taille, diversifier
leurs sources de financement, avec une recherche de plus en plus en forte de financements longs, .
Cependant, la tendance globale était à l’optimisme pour les années à venir. , , avec un regard
particulièrement attentif sur les sujets majeurs du moment que sont l’inflation et le changement
d’environnement des taux d’intérêts.