CBDC : Le point sur l’euro numérique

Publié le 8 mars 2024

Alors que l’expérimentation de la BCE sur l’euro numérique suit son cours, les banques françaises expriment leurs inquiétudes, et la Banque centrale des Pays-Bas publie un rapport dans leur sens.

La Banque centrale néerlandaise (De Nederlandsche Bank) a publié fin février un rapport que l’on peut qualifier d’inquiet sur les conséquences d’une monnaie numérique sur le système bancaire. Le rapport, intitulé « Gérer la transition vers la monnaie numérique de banque centrale », s’inquiète notamment d’une trop forte demande qui pourrait avoir un impact sur le système bancaire dans son ensemble. En conséquence, la Banque des Pays-Bas recommande une limite de 3000 euros par habitant, niveau également suggéré par la Banque Centrale Européenne comme futur plafond de détention. L’institution s’est en effet exprimée face aux inquiétudes des banques qui craignent une fuite des dépôts de leurs clients. On est loin cependant des volontés de certaines d’entre elles, comme la BNP Paribas qui a plaidé pour un plafond de 500 euros seulement par particulier.

Mais qu’en est-il de l’euro numérique à proprement parlé ? Fin février, c’est la LIBE (la commission du parlement européen pour les libertés civiles, la justice et les affaires intérieures qui a voté en faveur de la monnaie numérique européenne, à 48 voix pour et 6 contre, ne proposant que  des amendements à la marge. La phase d’expérimentation de l’euro numérique lancée en novembre dernier par la BCE suit elle son court, pour une durée de deux ans, avant que l’institution ne valide ou non la mise en circulation d’une telle monnaie numérique, attendue pour 2027 ou 2028.

A l’approche des élections européennes de juin prochain, les lobbys bancaires ont exprimé leur revendications sur le sujet. La Fédération bancaire française (FBF) a notamment publié un communiqué ce mardi appelant à ce que le projet d’euro numérique « soit révisé afin de maintenir la capacité du secteur bancaire à financer l’économie ». La FBF va même plus loin que la BNP en appelant à un plafond des portefeuilles d’euro numérique qui « devrait correspondre aux usages actuels du quotidien, soit 100 euros d’après les retraits moyens aux guichets automatiques », ajoutant que « toute détention et transaction en euro numérique devrait passer par les applications bancaires existantes ».

Fin février, la BCE a tenté de calmer les inquiétudes des banques, en rappelant que « pour préserver la fonction économique des banques commerciales, les avoirs individuels en euros numériques seraient limités. Les commerçants seraient en mesure de recevoir et de traiter l'euro numérique, mais ne pourraient pas du tout les détenir, protégeant ainsi la base de dépôts des entreprises du système bancaire. De plus, les avoirs numériques en euros ne rapporteraient pas d'intérêts ». Des déclarations qui ne semblent pas avoir rassuré l’ensemble du secteur bancaire.

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