IA aux États-Unis : OpenAI et Google plaident pour une régulation allégée
Alors que l’administration Trump élabore son plan d’action pour l’intelligence artificielle, les géants du secteur militent pour un cadre plus souple et des restrictions accrues contre la Chine.
Les États-Unis s’apprêtent à redéfinir leur stratégie en matière d’intelligence artificielle. Dans le cadre d’une consultation publique lancée par l’administration Trump, OpenAI et Google ont soumis leurs propositions pour le futur AI Action Plan. Les deux entreprises prônent une réglementation plus permissive, notamment sur le droit d’auteur et l’accès aux données, tout en demandant un renforcement des restrictions contre la Chine.
Un allègement des contraintes sur le droit d’auteur
Pour Google et OpenAI, l’actuel cadre législatif américain freine l’innovation en matière d’IA. Les règles de protection des données et du copyright sont perçues comme des obstacles à l’accès aux corpus d’apprentissage nécessaires pour développer des modèles performants.
Google plaide pour une extension du principe de "fair use", qui permet l’utilisation de données protégées par le droit d’auteur sans consentement explicite des ayants droit. L’entreprise juge que les lois existantes sont essentielles au progrès de l’IA et que des négociations avec les titulaires de droits risqueraient de ralentir l’innovation.
OpenAI adopte une position similaire et revendique une "liberté d’apprentissage" pour les modèles d’IA, arguant qu’ils ne reproduisent pas mécaniquement des œuvres protégées, mais en extraient des structures et des modèles linguistiques. L’entreprise critique par ailleurs les réglementations européennes qui permettent aux détenteurs de droits d’exclure leurs contenus de l’entraînement des modèles, estimant que cela rend l’accès aux données "moins prévisible et plus compliqué".
Plus d’investissements, moins de barrières administratives
Les deux entreprises demandent un soutien accru des pouvoirs publics pour financer les infrastructures nécessaires à l’IA. OpenAI soutient plusieurs mesures avancées par l’administration Trump, notamment un fonds souverain pour l’IA et des incitations fiscales permettant de renforcer le développement des technologies américaines. L’entreprise bénéficie déjà d’un projet de co-investissement public-privé de 500 milliards de dollars sur quatre ans, initié par la Maison-Blanche.
Google appelle également à une augmentation significative des financements publics, estimant que les contraintes budgétaires actuelles nuisent à la compétitivité du secteur. L’entreprise demande notamment une simplification du processus d’attribution des subventions et un accès facilité aux bases de données publiques pour l’entraînement des modèles.
Outre la question du financement, les deux géants alertent sur la disponibilité énergétique nécessaire à l’essor de l’IA. Google juge que l’infrastructure énergétique américaine est insuffisante pour répondre à la demande croissante en calcul intensif. OpenAI propose, de son côté, une réforme des procédures d’autorisation afin d’accélérer la construction de nouvelles capacités de transmission électrique et de centres de données.
Une approche offensive face à la Chine
Les propositions d’OpenAI mettent particulièrement l’accent sur la rivalité avec la Chine. L’entreprise appelle à un durcissement des restrictions à l’exportation des technologies d’IA, notamment en excluant certains pays, dont la Chine, de l’accès aux modèles développés aux États-Unis.
Elle propose également une "stratégie de coopération différenciée" pour privilégier les pays partageant les principes démocratiques américains et exclure ceux qui ne respectent pas ces normes. Dans ce cadre, OpenAI recommande la mise en place d’interdictions globales contre certaines entreprises chinoises, notamment Huawei, et alerte sur les risques liés à l’utilisation de modèles développés par DeepSeek AI, un acteur chinois présenté comme "soutenu par l’État et aligné sur les intérêts du Parti communiste chinois".
Google, de son côté, adopte une approche plus discrète mais suggère que les États-Unis réexaminent certaines décisions en matière de brevets. L’entreprise indique que la Chine a obtenu une hausse de 30 % du nombre de brevets américains accordés l’an dernier, et s’inquiète d’une possible surestimation des inventions chinoises dans le domaine des logiciels.
Vers une régulation nationale centralisée
Les deux entreprises appellent également à une harmonisation de la régulation aux États-Unis. Google dénonce l’actuel morcellement du cadre législatif, avec 781 propositions de lois en cours d’examen à travers les différents États. L’entreprise plaide pour une législation fédérale unique sur la confidentialité et la sécurité de l’IA afin d’éviter des contraintes incohérentes.
Enfin, Google et OpenAI rejettent toute obligation de transparence excessive. Google s’oppose notamment aux règles européennes qui imposeraient aux développeurs d’IA de publier des détails sur les ensembles de données utilisés, arguant que cela pourrait compromettre des secrets industriels ou nuire à la compétitivité des entreprises américaines.
Alors que la Maison-Blanche doit finaliser son AI Action Plan d’ici juillet, ces propositions témoignent d’une volonté des géants de l’IA d’influencer le cadre réglementaire américain. L’administration Trump semble prête à suivre une approche favorable aux entreprises technologiques, avec un assouplissement des régulations et une accentuation des mesures protectionnistes face à la Chine.