BNY Mellon dévoile un outil de valorisation de fonds sur blockchain

Publié le 14 avril 2025

La banque américaine renforce sa position dans les actifs numériques en lançant une solution inédite d’affichage du prix des fonds tokenisés directement sur la blockchain, avec BlackRock comme premier client.

La banque BNY Mellon poursuit sa montée en puissance dans le secteur des actifs numériques avec le lancement d’un nouvel outil de valorisation de fonds destiné aux marchés tokenisés. Cette solution permet d’inscrire en temps réel la valeur liquidative (NAV) de fonds directement sur la blockchain, offrant une alternative aux méthodes traditionnelles de reporting comptable. Le gestionnaire d’actifs BlackRock, déjà client historique de BNY, sera le premier à en bénéficier à travers son fonds BUIDL, un fonds monétaire entièrement tokenisé.

Une transparence accrue pour les fonds tokenisés

La solution, baptisée Digital Asset Data Insights, vise à offrir une transparence continue sur la valorisation des actifs, un enjeu central pour les fonds reposant sur des infrastructures de type blockchain. Alors que la plupart des preuves de réserves actuelles reposent encore sur des rapports PDF consultables en ligne, la publication directe des données sur une blockchain publique permet une vérification immédiate et continue, difficilement falsifiable. L’outil est conçu pour mettre à disposition ces informations de manière automatisée, facilitant leur intégration dans des smart contracts ou d’autres processus décentralisés.

La valeur ajoutée de cette approche réside dans l’origine directe des données, qui émanent du dépositaire lui-même — BNY Mellon — plutôt que d’un service tiers. Cette traçabilité accrue contribue à renforcer la crédibilité des fonds tokenisés, souvent perçus comme moins lisibles que leurs équivalents traditionnels. En publiant les données comptables sur un registre distribué, la banque entend renforcer la confiance des investisseurs et des institutions dans cette nouvelle génération de produits financiers.

Une évolution dans la tokenisation des actifs

Ce lancement reflète la dynamique actuelle autour de la tokenisation d’actifs dans la finance traditionnelle. Les fonds tokenisés se présentent comme des instruments classiques — tels que les fonds monétaires ou obligataires — mais dont les parts sont émises et transférées sur une blockchain. Ils promettent une plus grande efficacité opérationnelle, une réduction des coûts d’intermédiation et une meilleure accessibilité pour les investisseurs.

BlackRock a été à l’avant-garde de ce mouvement avec BUIDL, un fonds tokenisé adossé à des bons du Trésor américain. La capitalisation de ce produit a triplé au cours du dernier mois, portée par son utilisation croissante comme collatéral dans des projets de stablecoins. Le choix de BlackRock comme premier utilisateur du nouvel outil de BNY illustre la complémentarité croissante entre les acteurs institutionnels et les technologies blockchain.

Un environnement réglementaire plus favorable

Le développement de cette solution intervient dans un contexte réglementaire plus favorable aux États-Unis. Après une période d’incertitude sous l’administration précédente, marquée notamment par la règle comptable SAB 121 imposée aux banques dépositaires d’actifs numériques, les autorités ont récemment assoupli leur position. BNY Mellon a été la première grande banque à obtenir une exemption lui permettant de proposer des services de conservation de Bitcoin et d’Ethereum sans impact sur son bilan comptable. Depuis, la SEC a officiellement annulé cette règle, ouvrant la voie à un élargissement des services autour des cryptoactifs.

Cette évolution réglementaire a encouragé BNY Mellon à relancer ses projets blockchain, longtemps limités à des expérimentations internes. Le lancement d’un produit de valorisation on-chain témoigne de cette volonté de passer à l’échelle en s’appuyant sur les cas d’usage les plus mûrs, comme les fonds tokenisés.

Une avancée technologique pour la finance traditionnelle

Avec cette nouvelle offre, BNY Mellon entend aller au-delà du rôle de simple dépositaire pour s’imposer comme acteur clé de l’écosystème numérique. L’outil est conçu pour être déployé auprès d’autres clients à mesure que la demande se manifeste, notamment parmi les gestionnaires d’actifs explorant la tokenisation. La banque affirme être en mesure de couvrir l’ensemble du cycle de vie d’un actif tokenisé, de sa création à son règlement en passant par la valorisation et le reporting.

En ajoutant des fonctions de transparence native aux produits tokenisés, la solution pourrait contribuer à démocratiser leur adoption en réduisant les barrières techniques et en renforçant la confiance des parties prenantes. À terme, elle pourrait également permettre d’alimenter en données des applications plus complexes, telles que la finance décentralisée institutionnelle ou les marchés automatisés de collatéral.

Vers une normalisation de l’infrastructure blockchain

Le cas d’usage mis en avant par BNY Mellon pourrait servir de modèle pour d’autres services d’administration de fonds souhaitant s’adapter à la transition numérique du secteur. Si la tokenisation reste encore marginale par rapport à l’ensemble des actifs sous gestion, elle suscite un intérêt croissant, notamment en raison des gains d’efficacité et de traçabilité qu’elle promet. La capacité à publier des données vérifiables directement sur blockchain devient un avantage concurrentiel.

En apportant une solution concrète à un besoin identifié — l’actualisation fiable des valeurs de parts de fonds — BNY Mellon illustre comment les infrastructures classiques peuvent évoluer pour intégrer les nouveaux standards technologiques. Ce mouvement s’inscrit dans une tendance de fond : celle d’une convergence progressive entre finance traditionnelle et technologies décentralisées.

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