Silicon Valley Bank : Avertissement sans frais ou risque majeur ?

Publié le 22 mars 2023

La chute de la Silicon Valley Bank il y a moins de deux semaines a entraîné des conséquences
importantes sur le secteur bancaire, mais aussi sur l’écosystème crypto. De quoi agiter le spectre d’un
effet domino.

Comme un air de 2008. Lorsque les autorités américaines annoncent la fermeture de la SVB (Silicon
Valley Bank à la suite d’une panique bancaire, beaucoup ont cru y voir les signes d’une nouvelle crise
économique semblable à celle ayant suivi la faillite de Lehman Brothers il y a quinze ans. Le cas de
SVB, pourtant, est bien différent.

Pour comprendre l’origine de la chute éclaire de la Silicon Valley Bank, il faut revenir deux ans en
arrière, en 2021. A ce moment-là, la SVB est déjà la banque favorite des start-ups californiennes et
des Venture Capitalists, affirmant compter la moitié des entreprises de la Silicon Valley parmi ses
clients. Or, profitant d’une embellie post-Covid, les start-ups de la tech réalisent d’importantes
levées de fond, faisant presque doubler les dépôts de la SVB (de 102 à 189 milliards de dollars). Face
à cet afflux de liquidités, la banque réagit alors en investissant dans des bons du Trésor américain.
Ce qui pourrait apparaître comme une décision raisonnée – les bons du Trésor étant réputés peu
risqués – va se transformer en fiasco à la suite de la hausse des taux d’intérêts par la FED. Cette
dernière a en effet deux conséquences. La première, une difficulté des start-ups à se financer,
obligeant cette dernière à utiliser les liquidités déposées à la banque. La deuxième, c’est la baisse de
la valeur des obligations détenues par la SVB, dont le taux d’intérêt est désormais nettement moins
intéressant.

C’est à ce moment-là que la Silicon Valley Bank réalise une erreur de communication qui va précipiter
sa chute. Elle liquide une partie de ses obligations et annonce deux informations majeures à ses
investisseurs. La première, une perte de près d’1,8 milliards de dollars. La seconde, la réalisation
d’une augmentation de capital de 2,25 milliards. Les clients de la banque vont alors paniquer,
communiquer entre eux, et tenter en masse de retirer leurs fonds. C’est le bank run. Le 10 mars, les
autorités annoncent la fermeture de la banque.

Après la tempête, le calme ?

Qu’il s’agisse des Etats-Unis ou de l’Europe, le discours des autorités à la suite de la chute de SVB est
unanime : il n’y aura pas d’effet domino. Côté américain, l’Agence de garantie des dépôts (FDIC) a
ainsi très vite annoncée garantir l’intégralité des dépôts de la Silicon Valley Bank et de la Signature
Bank (autre établissement ayant fermé au même moment), et ce en dépassant la limite de 250 000
dollars indiquée par la loi américaine. Côté européen, plusieurs voix et notamment celle de Bruno Le
Maire en France ont tenu à rassurer les marchés quant au risque de contagions, arguant des
différences fondamentales entre le modèle de la SVB et celui des banques européennes.

Car l’Europe a véritablement tremblé quand elle a vu l’un de ses champions, le Crédit Suisse, vaciller
ces derniers jours. En cause, des déclarations du principal actionnaire de la banque, le président de la
banque nationale saoudienne, qui expliquait ne pas compter recapitaliser le Crédit Suisse en cas de
difficultés. Le spectre d’un nouveau bank run fait alors surface, avant que la situation ne soit
« sauvée » par le rachat du Crédit Suisse par UBS pour 3 milliards de dollars.

Et la crypto dans tout ça ?

Parmi les secteurs ayant retenu leur souffle à la suite de la chute de SVB, l’écosystème crypto a fait
partie des premiers cités, et ce pour plusieurs raisons. La première, c’est parce que la chute de SVB,
très impliquée dans la crypto, est venue s’ajouter à celles d’autres institutions comme Silvergate
Capital, victime collatérale du scandale FTX. Autant de partenaires bancaires qui disparaissent pour
les entreprises cryptos en besoin de financement.

Autre source d’inquiétude, la chute de l’USD Coin, qui a perdu son ancrage par rapport au dollar. A
l’origine de cette baisse, l’émetteur de l’USDC Circle qui a reconnu détenir plus de 3 milliards de
dollars chez SVB. Une annonce qui a momentanément fait chuter le stablecoin sous la barre des 0,87
dollars. Enfin, si la fermeture de la SVB semble surtout liée à une mauvaise gestion des taux
d’intérêts par la banque, certains observateurs extérieurs y ont vu le prolongement du scandale FTX,
et la preuve potentielle d’un impact de l’hiver crypto sur l’économie traditionnelle.

Deux semaines après la chute de la Silicon Valley Bank, la crise majeure annoncée ne semble pas être
d’actualité, même si tous les dangers sont loin d’être écartés, notamment pour l’écosystème crypto.
Si la faillite de SVB n’est pas directement liée au secteur des crypto-actifs, il vient s’ajouter aux
nombreux scandales (Terra Luna, FTX) qui ont animé 2022, et confirme le chantier principal qui
rythmera 2023 : celui de l’image et laim sécurité du secteur.

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