Metaplanet mise gros sur le Bitcoin

Le groupe japonais veut lever 5,4 milliards de dollars pour porter sa trésorerie en bitcoin à 210 000 unités d’ici 2027, soit 1 % de l’offre mondiale.

Metaplanet, ancienne société d’investissement devenue holding spécialisée dans la trésorerie en crypto‑actifs, a dévoilé un projet d’augmentation de capital de 5,4 milliards de dollars. L’opération repose sur l’émission de 555 millions d’actions nouvelles, équivalant à 92 % du capital existant, et vise presque intégralement l’acquisition de bitcoins supplémentaires.

Selon la société, il s’agit de la plus importante émission de bons de souscription jamais réalisée au Japon. Baptisé « 555 Million Plan », ce tour de table succède au « 21 Million Plan » de février, qui avait déjà levé 600 millions de dollars pour constituer un premier matelas de près de 9 000 BTC.

Un mécanisme inédit de « moving strike warrants »

Les titres seront émis sous forme de moving strike warrants, un instrument proche des facilités « at‑the‑market ». Le prix d’exercice s’ajustera dynamiquement au marché, ce qui doit limiter l’impact dilutif pour les actionnaires existants. Un plancher de prix et la possibilité pour la société de suspendre temporairement les conversions complètent le dispositif.

L’intégralité des bons sera allouée à EVO FUND, un véhicule basé aux îles Caïmans déjà présent au capital. Evolution Japan Securities intervient comme arrangeur. Environ 96 % des fonds levés iront à l’achat direct de bitcoins ; le solde financera le remboursement d’obligations et une stratégie de vente d’options put génératrice de revenus.

Objectif : intégrer le « club 1 % »

Metaplanet détient aujourd’hui 8 888 BTC, valorisés à 920 milliards de dollars. Son calendrier prévoit 30 000 BTC fin 2025, 100 000 BTC fin 2026 et 210 000 BTC fin 2027, soit 1 % de l’offre totale fixée à 21 millions d’unités. À ce rythme, le groupe deviendrait le septième détenteur corporatif mondial de bitcoins, derrière les grands acteurs nord‑américains.

Cette stratégie s’inspire du modèle inauguré en 2020 par Strategy (ex‑MicroStrategy), qui a fait école dans 144 entreprises cotées. La firme tokyoïte insiste sur sa conviction que les « bitcoin‑backed securities » constituent un pont entre marchés financiers classiques et économie numérique.

Une réponse à l’économie japonaise en berne

La direction voit dans le bitcoin une couverture face à la persistance des taux négatifs et à l’affaiblissement du yen. Le choix d’un actif libellé en dollars – et potentiellement décorrélé de la politique monétaire de la Banque du Japon – vise à protéger le pouvoir d’achat des réserves et à diversifier un bilan exposé à la devise nationale.

Dans un marché domestique habitué aux marges faibles, cette option de trésorerie constitue aussi un argument marketing auprès d’investisseurs en quête de rendement et de diversification, sans passer par une détention directe de crypto‑actifs.

Ingénierie financière et indicateurs maison

Pour évaluer la création de valeur, Metaplanet suit un indicateur interne baptisé « BTC Yield ». Il mesure l’évolution du ratio entre bitcoins détenus et actions totalement diluées. Sur les cinq premiers mois de l’année, ce rendement progresse de 225 %, la société étant déjà proche d’atteindre 89 % de son objectif initial de 10 000 BTC prévu pour 2025.

L’entreprise envisage d’autres leviers, notamment émissions obligataires convertibles ou actions préférentielles, afin de maintenir le rythme d’accumulation tout en préservant une flexibilité de financement face à la volatilité du marché.

Placement de l’action et dynamique boursière

Cotée à Tokyo, l’action Metaplanet a gagné 258 % depuis janvier et 1 390 % sur douze mois, devenant la première capitalisation japonaise par volumes échangés. La séance du 6 juin s’est néanmoins soldée par un repli de 1,6 %, signe de prises de bénéfices à l’annonce d’une opération dilutive d’envergure.

En se fixant pour cap d’absorber 1 % de l’offre de bitcoin d’ici deux ans et demi, la société expose désormais son cours aux fluctuations de la cryptomonnaie, tout en offrant aux investisseurs un accès régulé à un actif encore difficilement logeable dans les portefeuilles institutionnels traditionnels.