« Donald Trump peut vouloir miser sur le bitcoin pour donner confiance dans le dollar »

Publié le 4 décembre 2024

Mardi 26 novembre au palais Brongniart, La Place recevait Mathilde Carle et Hubert de Vauplane, deux avocats spécialisés dans l’IA et les cryptos, attentifs observateurs de la tech et des États-Unis.

Qant. Que peut-on prévoir aujourd’hui de l’administration Trump dans les secteurs de l’intelligence artificielle et des cryptos ?  

Mathilde Carle. L’IA est aujourd'hui à un moment clé. Nous sommes encore aux prémices de sa diffusion : le moment serait donc bien choisi pour orienter juridiquement son développement à partir de son berceau, les États-Unis. Le président Trump, durant son premier mandat, avait pris plusieurs décrets, des "executive orders", sur le sujet de l'IA. Ces textes, de 2019 et 2020, sont extrêmement mesurés. Ils incitaient à maintenir la vigueur de la recherche en IA à travers cinq piliers : favoriser l'innovation américaine, définir des standards techniques, former la population, favoriser la confiance des Américains dans la technologie, et protéger les États-Unis face à leurs adversaires. Le décret de Joe Biden, qui défend une IA responsable, s’est inscrit en prolongement. Aujourd'hui, on sait peu de choses du programme de l'IA de Donald Trump, mais on s'oriente d’après ses premières annonces vers quelque chose d'assez différent. 

Qant. Donald Trump a en effet promis d’abroger le décret exécutif de Biden…

Mathilde Carle. Oui. Le but affiché par Donald Trump, c'est de promouvoir l'innovation et les entreprises américaines en luttant à la fois contre la concurrence chinoise et la réglementation européenne. On notera par exemple la nomination de Brendan Carr à la tête de l'équivalent américain de l'Arcom, la FCC.  Ce dernier est notamment l'auteur du chapitre "Télécoms" du Projet 2025 qui a agité la campagne américaine et qui peut donner une idée du programme de Donald Trump en la matière. Le Projet 2025 appelle à "reprendre le contrôle de Big Tech" et promouvoir la sécurité nationale. On peut anticiper des mesures de déréglementation interne de la technologie, ainsi que des mesures douanières dans la lignée des mandats Trump et Biden, c'est-à-dire des restrictions à l'export, notamment des semi-conducteurs.

Qant. La nomination d’un ultra comme Carr, c’est aussi le signe que Trump pourrait tenter de tenir sa promesse de révoquer les licences de certains networks comme NBC. Elon Musk pousse à une grande redistribution des fréquences et on connaît la position de Trump sur les médias… En revanche, le secteur crypto, lui, semble sortir pleinement gagnant de l’élection de Donald Trump, dont il était l’un des principaux soutiens ? 

Hubert de Vauplane.  Avec une majorité républicaine claire, on devrait voir plusieurs textes sortir pendant les deux prochaines années. Du côté des cryptos, il est important d’analyser la création d'une réserve nationale de bitcoins sous la présidence Trump. C’est une idée relativement ancienne. La Pennsylvanie, par exemple, a ouvert à son fonds stratégique la possibilité d'investir 10% des actifs en bitcoins. 

En parallèle, la sénatrice républicaine Cynthia Lummis a déposé un projet de loi pour la création d'un fonds de réserve stratégique, qui avait déjà été évoquée par Trump. Ce fonds, investi exclusivement en bitcoin, devrait être géré par le gouvernement et non par la Fed. Son objectif n'est pas clairement défini, mais une réserve stratégique est faite pour être utilisée dans des circonstances exceptionnelles. 

Découvrez la suite de cette interview dans Qant.

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