L’Australie privilégie le développement d’une CBDC pour les marchés financiers

Publié le 19 septembre 2024

La Banque centrale d’Australie et le Trésor ont annoncé un projet sur trois ans visant à explorer les bénéfices d’une monnaie numérique de banque centrale (MNBC) pour les transactions entre institutions financières.

La Banque centrale d’Australie (RBA) a décidé de concentrer ses efforts sur la création d’une monnaie numérique de banque centrale dédiée aux transactions entre institutions financières, plutôt que sur une version destinée au grand public. Cette décision a été prise en raison des avantages économiques plus significatifs associés à une monnaie numérique de gros (wCBDC), selon un récent rapport conjoint de la RBA et du Trésor australien. Actuellement, environ 13 % des paiements de détail en Australie sont réalisés en espèces, un taux similaire à celui observé dans les pays scandinaves, mais la RBA estime qu'il n'y a pas d'urgence à introduire uneCBDC de détail pour le moment.

Le projet, baptisé "Project Acacia", se concentre sur la tokenisation des actifs financiers et sur l’amélioration de l’infrastructure des règlements pour soutenir l’économie nationale. Cette initiative pourrait permettre de réaliser d'importantes économies en réduisant les coûts des transactions et en optimisant l’utilisation des garanties. En effet, des études antérieures ont estimé que la tokenisation des actifs pourrait générer des économies de 2,7 milliards d’euros à 8,9 milliards d’euros par an.

La RBA explique que les bénéfices potentiels d'une MNBC de gros incluent la réduction des risques de contrepartie et opérationnels, la libération de garanties, ainsi que l’augmentation de la transparence et de l’auditabilité des transactions. Le projet Acacia explore également la possibilité de créer une monnaie numérique tokenisée adossée à la banque centrale, ou d'améliorer les infrastructures existantes pour permettre les règlements à l'aide de soldes de réserves. L’implication de la communauté financière est prévue à travers des consultations publiques et des ateliers, notamment avec le Digital Finance Cooperative Research Centre (DFCRC), qui publiera un document de consultation en octobre prochain.

Bien que la RBA n’écarte pas complètement l’idée d’une CBDC de détail, elle considère que les bénéfices de cette dernière sont, à l’heure actuelle, relativement modestes et incertains par rapport aux défis qu’elle poserait. La décision de mettre en place une telle monnaie pour le grand public dépendrait du gouvernement australien et nécessiterait des changements législatifs. Un nouveau rapport sur l’opportunité d’une MNBC de détail est prévu pour 2027.

Parallèlement, la RBA envisage également d’explorer l’utilisation de la CBDC dans les paiements transfrontaliers, en coopération avec d’autres banques centrales de la région. Ces développements s’inscrivent dans une dynamique mondiale, où 134 pays représentant 98 % de l’économie mondiale étudient actuellement des versions numériques de leurs monnaies nationales, selon une étude récente du groupe de réflexion Atlantic Council. 

En Australie, malgré la modernité du système de paiements de détail, la RBA continue de se pencher sur les politiques associées à une CBDC de gros. L’objectif est d’optimiser l’efficacité et la résilience des marchés financiers du pays en utilisant des technologies de pointe telles que la tokenisation et de nouvelles infrastructures de règlement, tout en restant attentive aux évolutions et aux besoins futurs de l’économie numérique.

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