Avec Ankar, des brevets augmentés

Publié le 5 juin 2025

La start-up Ankar lève 3 millions de livres pour automatiser le dépôt de brevets à l’aide de l’intelligence artificielle.

Fondée à Londres par Tamar Gomez et Wiem Gharbi, deux françaises anciennes de Palantir, Ankar développe une plateforme dopée à l’IA pour automatiser la gestion de la propriété intellectuelle. L’entreprise vient de lever 3 millions de livres sterling (environ 3,6 M€) lors d’un tour de table mené par Index Ventures, avec la participation des fonds Daphni, Motier Ventures, Booom et Puzzle Ventures, ainsi que de plusieurs business angels issus de l’écosystème tech.

Ankar s’attaque à un processus encore largement manuel et fragmenté dans les grands groupes industriels : le dépôt de brevet. Aujourd’hui, chaque invention doit être décrite dans un mémo technique de plusieurs dizaines de pages, souvent rédigé par le chercheur lui- même, puis révisée par des juristes spécialisés. Une chaîne lourde, chronophage, qui ralentit la valorisation des travaux de R&D.

Un assistant IA pour chaque étape du dépôt

La plateforme développée par Ankar automatise l’ensemble du parcours. Elle génère les mémos techniques à partir des descriptions fournies par les inventeurs, vérifie l’originalité des idées face aux bases de brevets et à la littérature scientifique, reformule les éléments critiques pour assurer la brevetabilité, et assiste les équipes juridiques dans la rédaction finale du dépôt. Une fois le brevet validé, Ankar continue d’intervenir grâce à un système de surveillance algorithmique capable de repérer les contrefaçons ou les doublons.

Cette approche a déjà séduit plusieurs entreprises, dont Valeo, qui utilise l’outil pour accélérer ses processus de protection dans le cadre de ses programmes de recherche. La plateforme est proposée sous forme d’abonnement annuel, modulé selon la taille des équipes et le volume de dépôts à traiter. 

Un marché en structuration rapide

Dans un contexte où les actifs immatériels représentent jusqu’à 90 % de la valeur des entreprises, la maîtrise de la propriété intellectuelle devient un levier stratégique. L’explosion des dépôts mondiaux de brevets, notamment dans les secteurs de la pharmacie, de l’aéronautique ou du logiciel, renforce la demande pour des outils permettant de sécuriser plus rapidement les innovations.

Ankar se positionne sur ce segment en pleine émergence, face à des concurrents comme DeepIP aux États-Unis. Elle mise sur une couverture intégrale du cycle de dépôt et une meilleure adaptation aux spécificités locales des systèmes de propriété intellectuelle, en Europe comme en Asie.

Une expérience terrain au service de l’IA

Les deux fondatrices ont conçu Ankar en partant de leur propre vécu chez Palantir, où elles ont été confrontées à la complexité du processus de brevetage. Elles ont appliqué les méthodes apprises dans l’environnement exigeant de l’éditeur de logiciels d’analyse pour construire une solution adaptée aux secteurs techniques.

L’outil repose sur des agents IA spécialisés, entraînés sur des données scientifiques et juridiques. À terme, Ankar ambitionne d’agir comme un système d’exploitation de l’innovation, capable d’accompagner les entreprises de la première idée jusqu’à la monétisation des brevets.

Avec les fonds levés, la start-up prévoit de renforcer son équipe d’ingénierie en intelligence artificielle, d’élargir sa force commerciale et d’ouvrir un bureau à Paris. Pour Tamar Gomez, l’objectif n’est pas seulement de gagner en efficacité, mais aussi de redonner du pouvoir aux inventeurs, en les plaçant au cœur d’un processus qu’ils pilotent avec l’assistance de l’IA.

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